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Quelques épisodes du premier bouquin

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Friday, September 08, 2006

Trois textes : Le café, qui sont vos vrais amis, contacts et relations humaines,

Le café



Le café n'est pas simplement une boisson, c'est aussi et avant tout, un moment délicieux pendant lequel rien ne doit venir nous troubler. Nul n'a le droit de profaner cet épisode délicat de notre journée. Le café est un refuge par lequel nous nous devons de passer pour récupérer un peu de cette énergie perdue que nous avons dépensée sans compter au service de cette grande cause que nous défendons. C'est l'oasis inespérée qui s'illumine soudain et que nous gagnons in-extremis dans un dernier souffle d'agonie, c'est une porte qui s'ouvre enfin et qui vous laisse entrer laissant derrière vous toutes vos contraintes et vos obligations, c'est un monde parallèle accessible un court instant, qui dévoile ses charmes auxquels vous vous efforcez de succomber, et vous vous laissez glisser doucement vers l'extase suprême, l'apogée du bien être, au milieu de vos amis, votre joie explose finalement sans aucune retenue lorsque le nectar si précieux vient nourrir votre corps anémié et fatigué d'un début de journée aussi harassant.

Le café n'est pas simplement une boisson, c'est aussi l'amitié rare et sincère qu'on partage sans compter avec quelques complices initiés à ce rite joyeux, c'est un éclat de rire régénérant entre collègues épicuriens, c'est un voyage, une pérégrination lointaine qui nous mène à coup sûr jusqu'à cet état d'esprit qui libère complètement notre âme, c'est l'échappatoire du quotidien, c'est la colorisation du film de notre vie, c'est une pléthore de bonheurs réparateurs. Nous nous offrons mutuellement nos sourires sincères et réconfortants et nous échangeons volontiers quelques paroles bouillantes d'amitié, nous revivons enfin dans cet univers parallèle et parfois paradoxal, nous respirons enfin un air pur, dépourvu de la pollution sournoise et omniprésente de notre travail rébarbatif et de tous les préceptes contraignants auxquels nous sommes obligatoirement assujettis.

Le café n'est pas simplement une boisson que l'on boit pour se réchauffer ou pour donner un petit coup de fouet à son organisme aboulique et fatigué, c'est aussi et surtout un prétexte pour s'éclipser sans autres excuses, quelques instants, pour oublier la grise monotonie d'un travail répétitif et coercitif. Pénétrer dans le sanctuaire qui abrite l'objet de toutes les adorations et de toutes les convoitises, s'imprégner du râle de la machine qui semble parfois s'essouffler mais qui continue avec nonchalance à déverser son noir breuvage qui viendra bientôt s'écouler dans nos gosiers connaisseurs et exigeants, pour notre plus grand bonheur, respirer à pleins poumons jusqu'à l'anhélation cette délicieuse odeur qui se répand en imposant sa force, lever sa tasse enfin honorée et la porter jusqu'à nos lèvres, sentir cette chaleur généreuse qui va s'étaler dans tout notre être pour enfin nous procurer l'extase gastronomique tant attendue, c'est ça le vrai bonheur.













Qui sont vos vrais amis ?



Le fait d'avoir un travail sédentaire nous oblige incontournablement à fréquenter toujours, parfois contre notre gré, les mêmes personnes.

Qui sont vos vrais amis ? Ceux qui singent une sincérité toujours indestructible et inaltérable, qui arborent un sourire outrageusement exagéré ou alors ces personnes pressées qui n'empruntent que des lignes droites parfaitement dessinées dans ce labyrinthe bureaucratique et qui passent à quelques centimètres sans même vous voir ? Sont-ce peut-être encore ces gens trop polis dont la révérence nous porte inconsciemment à croire que tous ces honneurs semblent suspects ?

Peut être que finalement, ceux auxquels on n'a encore jamais eu le privilège d'adresser la parole sont les seuls et uniques à ne pas avoir osé répandre leurs médisances acides et destructrices.

On entend tellement de choses en prêtant un peu l'oreille que parfois on s'en veut d'avoir été témoin de ces déluges de reproches dissimulés, de toute cette panoplie de désidératas exigeants, de ce besoin manifeste qu'ont ces gens de devoir à tout prix ternir l'image des autres.

Et les nouvelles vont vite dans cette société grouillante, et elles évoluent toujours à mesure qu'elles se répandent, si bien qu'à la fin, on éprouve beaucoup de peine à distinguer de façon objective la réalité entachée à chaque étape d'une part non négligeable de révélations et de suspicions plus que douteuses.

Qui sont vos vrais amis dans cette population d'aspect bien sage et trop occupée pour être suspectée d'attitude versatile et médisante ?

Et au milieu de cette tension invisible mais bouillonnante d'énergie, on n'a pas le droit de rester seul et neutre, on se retrouve un jour, même inconsciemment, ami de certains et presque ennemi des autres. Des clans se forment alors, principalement par affinités, rarement autour d'une grande idée ou d'une quelconque unanimité politique, des clans qui rapprochent davantage les gens qui semblent s'entendre mais des clans qui, par la force de leur union, s'éloignent avec application les uns des autres. Et si, au sein de ces groupes s'agence minutieusement une véritable solidarité, une amitié parégorique et omniprésente, on constate au contraire une certaine forme d'indifférence et parfois de mépris, toujours dissimulée, lorsqu'il s'agit de personnes extérieures à ce fameux regroupement protectionniste, voire ésotérique.

Même si l'on n'ose pas finalement se l'avouer on constate, en parfait désaccord avec notre propre raison, que nous ne sommes ni plus ni moins que le duplicata fidèle de ce qui se passe autour de nous, de ce que nous détestons et de ce que nous dénonçons...

Mais malheureusement, méditer sur ce point ne suffira pas à bouleverser l'ensemble de cette machine qui, malgré tout, fonctionne, défiant scrupuleusement chacun des problèmes d'exiguïté et nos déboires relationnels.




Contacts et relations humaines



Est-ce que c'est cette période de crise sans fin qui rend aigri toutes les personnes du monde ? Ca fait pourtant tellement plaisir d'entendre quelqu'un vous lancer un grand « bonjour » agrémenté d'un sourire sincère. Le sourire sur le visage des gens se raréfie à mesure que les années passent. Jusqu'où ira donc cette décadence ? Quel avenir va se profiler pour nous les enfants nés après 1970, nous les enfants qui n'avons jamais connu de période économique faste ? Cela fait maintenant plus de trente ans que l'on essaie de nous faire croire qu'une crise est provisoire. Et si les gens souriaient de nouveau, la vie nous sourirait-elle ? Un sourire, un bonjour, c'est bien peu, mais c'est énorme.

Je suis choqué à chaque fois que j'entre dans un lieu public, dans une banque par exemple. Comme je suis quelqu'un de relativement poli, tout au moins quelqu'un d'assez bien élevé, je dis « bonjour », assez fort pour que tout le monde entende, pour moi, c'est naturel. Certains employés ont la décence de répondre parce qu'ils y sont obligés et que c'est prévu dans leur contrat, mais à chaque fois que les clients sont jeunes, il n'y en a pas un qui répond. Ils vous regardent avec surprise et étonnement, un peu comme si vous arriviez d'une autre planète. Que se passe-t-il ou que s'est-il passé pour que les nouvelles générations réagissent de cette manière ? Ils ont tous l'air sur leur garde. C'est triste. Les gens sont condamnés à faire la gueule en plus de tous les malheurs du quotidien ?

Il y a une trentaine d'années, le comportement des gens était complètement différent. Ils étaient plus sociables, peut être parce qu'ils étaient plus heureux. Je ne sais pas. Je constate simplement avec amertume cette dégradation de la convivialité. Les hommes sont-ils devenus méchants ? Où sont-ils simplement esclaves de cette époque où tout est calculé, et qui ne laisse guère plus de place aux flâneries régénérescentes, aux contacts chaleureux, à cet instant précieux que l'on prenait, avant, pour saluer son contemporain ? Où sont les petits vieux qui papotaient jadis dans nos villages, comme les décrivait si bien Richard Gotainer ?

Seule la famille, unique cellule sociale pour l'instant épargnée, nous permet de manifester notre attachement et notre affection. Elle n'en est pas pour autant plus unie.

Je crois que cette période de l'humanité fait que les gens se jalousent ou se craignent. Il n'existe plus que pour tous bons rapports, des rapports conventionnels, protocolaires et obligatoires, donc rarement sincères. Heureusement quand même que dans cette atmosphère presque haineuse subsiste une forme de relation qui semble inaltérable et intemporelle : l’amitié.

L'amitié qui semble avoir de plus en plus de valeur, inversement proportionnellement à la dégradation des relations humaines. L'amitié a ces qualités de plus : elle est durable et fidèle. L'amour qui a toujours été considéré comme le sentiment le plus fort a perdu de son éclat, il existe encore, fort heureusement, mais n'a plus rien d'éternel. Les amours les plus passionnés sont souvent extra-conjuguaux, et plus statistiquement il suffit de se pencher sur les chiffres incontournables : le nombre de mariages diminuant et le nombre de divorces augmentant, on n'a pas de mal à tirer des conclusions quant à la durée et à la qualité des relations légitimes consacrées par le mariage. Les gens ne se supportent pas moins qu'avant, ils refusent de faire autant de sacrifices que par le passé parce que les mentalités ont changé.

Le XXème siècle aura donc tout transformé. Il semble que tout s'accélère maintenant. J'ai des doutes quant aux possibilités de faire un grand retour salvateur dans le passé. Les mentalités s'y opposeraient et les conditions actuelles de nos existences ne s'y prêteraient guère. Nous sommes désormais pris dans cet engrenage qui nous expédie vers le cœur du XXIème Siècle et qui, à force d'inventer des systèmes de communication plus rapides, plus précis, plus performants, nous fait tout simplement oublier que nous sommes à l'origine, les outils de base de la communication.

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