TEXTES à lire absolument : la femme du boulanger, L'amour au premier regard, sur les chapeaux de roues, Roger,
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La femme du boulanger
Mon désir allait croissant à chaque fois que je voyais la femme du boulanger, avec ses belles miches, bien rondes, que je regardais maladroitement en un éclair, pour ne pas me faire repérer, mais sans toutefois en perdre une miette. On aurait dit une religieuse, avec son air emprunté, les pieds dans ses chaussons, obéissante et dévouée, car son mari la menait à la baguette. Certaines personnes la trouvaient tarte mais moi j’étais admiratif et je rêvais secrètement de délices interdits, elle me faisait craquer comme la blonde croûte de pain qu’on rompt dans un moment solennel… C’est son mari qui tirait les ficelles et il façonnait le caractère de son épouse de la même façon qu’il pétrissait la pâte de son pain, lui donnant la forme qu’il voulait… D’ailleurs, sa femme, c’en était une de bonne pâte… Devant cet odieux personnage, je n’avais qu’une envie, c’était de lui coller un pain, mais je craignais de rentrer chez moi avec un œil au beurre noir sans compter que je me serais retrouvé dans un sacré pétrin !!!…
L’amour au premier regard
La première fois où je t'ai vue, c'était un jour d'automne, dans un parc. Les grands arbres tristes et fatigués tendaient leur bras vers le ciel, implorant quelque dieu, les feuilles multicolores s'en détachaient pour enfin profiter d'un peu de liberté, au gré du vent vicieux qui se plaît à brasser ces fragments végétaux agonisants, le vent qui semble parfois vouloir porter les feuilles jusqu'au ciel et qui soudain cesse de souffler et les laisse retomber, inertes sur le sol d'où elles ne s'arracheront peut être plus jamais et où elles bruniront et se décomposeront en silence...
C'était en automne et une fine bruine trempait imperceptiblement chaque parcelle de la vie. Pourtant nous étions là, tous les deux, au même moment, au même endroit, ignorant l'horrible outrage que nous assénait une météo exécrable. Je crois même qu'il n'y avait que nous à cet endroit, à cet instant précis. Nous nous étions surpris l'un et l'autre. Nous étions si près l'un de l'autre qu'il était impossible de nous ignorer et de repartir sans avoir échangé quelques mots, ne serait-ce que des banalités. J'ai pris l'initiative et je pense avoir bien fait car je crois que jamais tu n'aurais osé entreprendre une telle démarche. D'ailleurs, ce n'était pas à toi de le faire, même si tu en mourais d'envie. Je t'ai donc adressé la parole en chevrotant de peur et d'appréhension et même si ce n'était que pour te demander l'heure, je sais que tu avais compris le but réel de mon entreprise. J'étais attiré par cette étrange image que tu donnais de toi, avec tes cheveux noir ébène et mouillés qui sentaient le frais, tes grands yeux surpris et remplis de tendresse, ton visage fin, tes joues roses et ta bouche sensuelle. Tu avais l'air sérieuse avec cet imperméable gris et tes petites chaussures vernies. Je suis immédiatement tombé amoureux de l'inconnue que tu étais. Cette expérience, rare, belle et intense restera à jamais gravée dans ma mémoire car je me suis attaché à toi pendant cette minute de bonheur, pendant ces secondes de vie commune, je me suis attaché plus que si j'avais passé toute ma vie à tes côtés. J'ai apprécié lorsque tu as redressé la tête, enfin, et que ton regard s'est posé sur moi et a réchauffé mon corps et mon âme. J'ai aimé ton air surpris par mon audace, j'ai succombé au regard furieux qui s'en est suivi, j'ai vibré lorsque tu m'as adressé la parole et j'ai pleuré quand tu m'as dit : « Casse-toi gros con, fous-moi la paix ! »
Sur les chapeaux de roues
Lorsque vers 17 H 00 je me prépare et que je quitte enfin le lieu de travail dans lequel je vis 8 heures par jour dans le stress, je sais que bientôt je serai détendu et heureux. Je descends avec hâte les quelques marches qui mènent à la sortie et je me sens presque libéré en refermant derrière moi la lourde porte du travail.
Je me dirige d'un pas décidé vers la voiture qui m'attend bien sagement, j'y pénètre, je tourne nerveusement la clé de contact et me voilà parti enfin, laissant derrière moi une nouvelle journée de labeur bien accompli. Je ne peux m'empêcher de rouler à vive allure, en négligeant mes devoirs, je me sens trop libre maintenant et puis je sais que le bonheur m'attend à quelques kilomètres. Plus j'approche et plus je fonce. Plus rien ni personne ne pourra désormais m'empêcher d'atteindre mon but. Je m'imagine déjà chez moi. Je respire l'air pur et tiède d'une fin d'après-midi estivale et ensoleillée, je savoure cette attente qui est la mienne et je deviens impatient en approchant de cet objectif qui me tient tant à cœur. J'arrive à fond derrière un gros camion lourdaud qui se traîne lamentablement et obstrue mon horizon. Je me mets à haïr le chauffeur inconnu, je l'insulte à voix basse en serrant les dents, mes doigts se crispent sur le volant, je transpire et j'angoisse. Je cherche désespérément un endroit où je pourrais le doubler et poursuivre cette course effrénée mais une maudite bande blanche qui semble infinie m'interdit le passage et je stagne, misérablement coincé derrière cette monstrueuse verrue de la route qui semble se plaire à agacer les automobilistes et à leur faire rater leurs rendez-vous. Quand enfin cette énorme chose se gare, je ne suis plus qu'à un kilomètre de chez moi et je me sens renaître enfin, débarrassé de cette pollution infranchissable, je roule, je grille un stop, un feu rouge. Je m'accorde une toute dernière pointe de vitesse : 80 - 90 - 100 - 110. OUPS, attention le chien ! Je l'ai manqué de justesse !
Je me gare à mon tour devant chez moi et je m'extirpe rapidement de l'habitacle. Je grimpe les quelques marches qui me mènent à la porte d'entrée, j'ignore les personnes que je croise et je me précipite dans le salon. Je m'installe dans mon fauteuil favori dans lequel je me fonds et ma main agile se pose nerveusement sur le boîtier de la télécommande, je mets ma télévision en marche et enfin, ça y est, le bonheur est total ! Je suis arrivé à temps pour voir mon émission favorite : un spot de la prévention routière. Je retire enfin mon képi, c'est dur de travailler dans la police.
Roger
Roger avait 42 ans, ancien militaire de carrière, il a servi dans une unité d'élite spécialisée dans le déminage. Toujours volontaire, il a fait le tour du monde et a rencontré la mort plus d'une fois et sous toutes ses formes, la mort la plus horrible, brutale, violente et sale. Il a vécu des expériences qu'il ne pourra jamais oublier, il a vu des images qui ne s'effaceront jamais : celles de corps déchiquetés, éparpillés sur des dizaines de mètres, il a vu la misère, le désarroi, la détresse, il a serré des femmes et des enfants désespérés dans ses bras, des gens qui avaient tout perdu. Il ne pourra jamais oublier ce jour horrible où son collègue et ami a sauté sur une mine à une dizaine de mètres de lui, il est tombé à terre, à genoux, le visage maculé des particules de chair de son ami. Il a pleuré souvent mais n'a jamais voulu s'arrêter parce qu'il savait qu'en risquant sa vie, il sauvait celles de centaines d'hommes...
Un jour, il est revenu en France, dans son pays natal pour faire le vide dans sa tête et reprendre un peu de force avant de retourner en terre hostile. Il a repris goût à la vie peu à peu et n'est plus jamais reparti. Il a rencontré une femme et a fondé un foyer. Il vivait entouré de bonheur et d'affection le jour, et retombait dans l'horreur de la guerre de ses cauchemars dès qu'il réussissait enfin à s'endormir.
Roger connaissait toutes les sortes d'explosifs existants, du bâton de dynamite à la bombe atomique en passant par les mines antipersonnel et les bombes à retardement artisanales. Il savait toutes les neutraliser, c'était un sauveur, un héros. Bien connu et reconnu par les hautes sphères gouvernementales, il avait été contacté à plusieurs reprises par de hauts fonctionnaires qui lui proposaient de rejoindre des équipes de déminage de la police ou parfois même des corps d'élite chargés de la protection rapprochée du président de la République. Il avait été sollicité de nombreuses fois pour ses compétences mais avait systématiquement repoussé toutes les propositions, pour lui, c'était définitivement fini. Les paramètres avaient changé, Roger n'était plus un loup solitaire, il avait maintenant une famille, sa famille, il devait assumer ses responsabilités, il était là et devait y rester, il voulait voir ses enfants grandir, il ne pouvait plus vivre avec ces angoisses, il voulait voir tous ses projets se concrétiser.
Pourtant, Roger, le sauveur a tué sa famille et est mort lui aussi, en même temps. Une mort stupide, un geste anodin a suffi à anéantir en une fraction de seconde toute cette petite famille : ses jeunes enfants s'étaient relevés en silence pendant leur sieste, sa femme qui dormait n'a rien entendu. Ils ont joué dans la cuisine et ont touché aux boutons de la gazinière. Roger a pressé sur la sonnette et ça a fait boum... Il ne faut jamais sortir sans les clés de sa maison.
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